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HELLAS Grèce antique notre miroir
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HELLAS Grèce antique notre miroir
21 juin 2016

LE TRIPTYQUE LUDOVISI (Rome)

                                                        LE TRIPTYQUE LUDOVISI (Rome)

                                                                       Résultat de recherche d'images pour

Ce bas-relief a été trouvé à Rome en 1887 dans les jardins de Salluste de la Villa Ludovisi. Un moulage de plâtre était visible dans les années 1980, au musée des Thermes à Paris. L'original en marbre mesure 144 cms. Il s'agit du relief possible d'un autel (?),  associé à son pendant qui est maintenant au musée de Boston. L'original du triptyque Ludovisi, est visible au Musée National à Rome.


Il est attribué à un atelier de sculpture de la cité de Locres, colonie grecque d'Italie, sise en bas de la botte de l'Italie, face à la Sicile (voir ci-dessous). Le bas-relief se trouvait probablement dans un sanctuaire de Déméter ou de Perséphone.

La facture est plus grossière que l'art attique d'alors, dit classique, on parle d'une sculpture de type ionien dans ce cas.


 http://www.ac-orleans-tours.fr/hist-geo-grece/grandegrece/colonies-gg.gif
Carte montrant la cité de Locres entre autres cités grecques des colonies en Méditerranée.


Trouvaille romaine, le triptyque Ludovisi est composé d'une plaque centrale, avec rebours à angles droits. Un fronton se situait sur cette plaque en avant et auquel étaient associés les 2 côtés ou rampants.


Dans les rampants se trouvent des cavités de scellement. Des objets venaient-ils s'y appuyer ?


Les parements sont travaillés, à l'intérieur rien qui témoigne du lien, qui laisse croire que cela ait été prévu pour un trône. On peut s'interroger sur la destination de cet ensemble.


Thème de la face centrale : la naissance d'Aphrodite


La scène est composée de trois personnes, dans laquelle deux silhouettes drapées soutienne une figure différente.
Une totale symétrie entre les deux silhouettes qui s'inclinent vers le centre.

A droite, sous les pieds : des petits cylindres inégaux sont visibles : un sol de galets.
Une indication de paysage donne par rapport à la sculpture classique, cherche quelqu'un dans les mains, passent derrière le dos pour soutenir le personnage. Tous ces mouvements forment une montée, une ascension : c'est l' "Anodos", en grec.
Tout suggère cette ascension.
 
Les draperies sont transparentes, le chiton, est fait d'un lin translucide, les formes du corps se dessinent. Une grande draperie plus épaisse avec le personnage central.

Les seins du personnage divergent et accentuent la symétrie de la composition : la femme de gauche et de droite.

 

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La naissance d'Aphrodite née de l'écume de la mer. Le sculpteur a mis la draperie mouillée, la mer, le relèvement de la tête (ascension).


Les Koraï

On voit un profil plein et charnu pour la femme de gauche. Ces femmes sont des Koraï (= "jeunes filles" en grec). Elles représentent les saisons, ce sont des auxiliaires de la naissance d'Aphrodite. Le document nous montre un art différent, de l'art antique de Myron. Tout est ici douceur, courbe, transparence : monde de l'art ionien. Ces deux pans latéraux mesurent 84 cms de haut.
 
                                                                                        Résultat de recherche d'images pour


- la première est une femme drapée, voilée d'un hymation, portant un flambeau, la flamme.
- l'autre est une joueuse nue d'aulos.


Ces deux femmes caractérisent le culte de la déesse Aphrodite. L'ensemble est différent de l'art attique du sculpteur Myron (470-430), et tout suggère l'art ionien, qui survécut plus longtemps en Italie qu'en Grèce.


***

 
                                 Carte montrant les régions connues à l'époque grecques en Méditerranée.

                                      http://jfbradu.free.fr/GRECEANTIQUE/GRANDE%20GRECE/COLONISATION/colonisation.gif
                                                                                     
tiré de Etudes de sculpture et d'iconographie antiques: scripta varia, 1941-1991 Par Jean Marcadé

 

 ***

 

Une rue de la cité.

vue d'une rue de la cité antique de Locres

[Le Ve siècle av. J.-C. voit les liens entre Locri Epizefiri et les tyrans de la cité de Syracuse, en Sicile, se resserrer.

Le savant grec Hérodote rapporte qu'en 493 av. J.-C., un groupe de migrants originaire de l'île de Samos, au large de la Turquie, vient s'établir à Locri] ex Wiki...https://fr.wikipedia.org/wiki/Locri_Epizefiri

 

plan du temple où se trouvaient sans doute les reliefs

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/7/71/Ionic_temple_locri.JPG

 

-o-o-o-

mais revenons au triptyque...

 

(...) La même inspiration se retrouve qui animait les reliefs du Trône Ludovisi, et c'est encore la puissance d'Aphrodite Ourania, soeur des Moires, que l'on voit rappelée.


Sous la déesse de gauche et sous le tableau de la vieille femme (l'une des apparences qui sait prendre Aphrodite pour laisser éclater ensuite sa radieuse beauté), un poisson fait songer à la Naissance marine sculptée sur le Trône Ludovisi. D'autres correspondances, maintes fois soulignées, s'établissent entre le triptyque des "Trônes" de Boston et celui de Rome.



 
   
        "Trône" de Boston

 

 

                                                                      Résultat de recherche d'images pour


[...] extrait de livre savant traitant du tryptique Etudes de sculpture et d'iconographie antiques: scripta varia,
1941-1991 de
Jean Marcadé

:


   Si l'on ajoute désormais qu'ils répondent respectivement aux deux grands hymnes homériques à Aphrodite, la tentation devient forte de rapporter les deux documents, comme acrotères, à deux édifices de même type situés dans un même sanctuaire. Si le trône de Boston et le Trône de Ludovisi ont été l'un et l'autre exhumés sur l'emplacement des Jardins de Salluste, les deux morceaux ont pu orner un jour le temple de Vénus Erucina, auprès de la Porte Colline : il ne serait pas impensable qu'on les ait apportés là ensemble, de Locres ou de l'Éryx, à l'époque d'Auguste, par exemple, quand s'affirme dans la littérature et dans l'art une dévotion si vive pour la déesse garante de la fécondité universelle. L'esprit et la composition tripartite du relief de Tellus à l' "Ara Pacis Augustae" ne procèdent-ils pas; mutatis mutandis; d'une inspiration fort semblable ?
 


Acrotères d'un sanctuaire à Aphrodite
Aphrodite Anadyomene, the Ludovisi Throne and the Boston Relief

http://www.mlahanas.de/Greeks/Arts/Ludovici/Lud6.jpg



"La thèse ainsi développée est brillante, cohérente, entraînante. On oserait pourtant formuler quelques remarques. Passons sur les détails. L'explication fournie p. 49 de la branche de lierre au-dessus de l'anodos d'Aphrodite entre deux Pans, sur le skyphos de Boston fig. 30, a l'air un peu forcée  (protection magique contre les appétits de ces deux compères ? Ils ne sont guère entreprenants, et leur gesticulation nous replace tout au plus dans l'atmosphère des drames satyriques).

Résultat de recherche d'images pour fig. 30
Les hydries sont des vases féminins destinés au puisage de l'eau.

 

Quant à l'hydrie de Gènes fig.28, [voir ci-dessous] elle m'embarrasse pour admettre, sans réticence, que l'étoffe tenue devant le corps de la déesse sur le relief de Rome indique "ein kultliches Verhüllen" (p.53) : sur le vase, il s'agit sûrement de "Kultliches Bekleiden", et c'est tout de même le meilleur parallèle que l'on puisse donner à la sculpture.

Mais il y a plus important : en abandonnant le nom de Koraï, pour les deux "assistantes" de la Naissance d'Aphrodite, sur le relief de Rome, l'auteur affaiblit d'abord, de façon assez inattendue, le rapport qu'il affirme et maintient entre la représentation sculptée et le VIe Hymne Homérique: au reste, l'âge des jeunes femmes qu'on voit sur le Trône Ludovisi n'est éivdemment pas le même que celui des deux sceptrophores à cheveux blancs de l'hydrie de Camarina; enfin rien ne ferait attendre, a priori, l'intevention matérielle des Moires lors de la naissance d'Aphrodite Ourania, πρεσβυτατη τον καλουμενον Μοιρον.."

 

Fig. 28. hydrie de Gènes citée dans le texte :


http://www.scalarchives.com/scalapic/ARCH02/b/0065407b.jpg 
Attic hydria Naissance d'Aphrodite

Attic hydria with the birth of Aphrodite (Museo Archeologico di Pegli - Genoa)

 

Afficher l'image d'origine
Art attique. Sicile (Camarina). Peintre de Cadmos


...
par analogie avec les deux Moires ou Koraï du Trône Ludovisi, on aimerait découvrir entre elles des liens plus étroits qu'il n'en existe entre Éos et Aphrodite. Enfin, le geste de la femme de gauche est peu clair : acceptation ? surprise ? admonesation ? compassion ? réconfort ?

On peut admettre une foule d'interprétations; à qui s'adresse-t-il ? à Éros ? à l'autre femme ? ou est-ce un  geste machinal ?

Peut-on affirmer que les deux femmes fixent leur regard sur les deux plateaux de la balance ? ou Éros serait-il "invisible et présent" comme Zeus au centre du fronton d'Olympie ? il n'est pas jusqu'à la représentation si dissemblable des deux ειδολα qui ne soit déconcertante.

 

Résultat de recherche d'images pour    
relief latéral du Trône de Boston


P.-S. (1991). -- La querelle continue. Le Trône de Boston garde des partisans : ex. B. Holtzmann, La Grèce (Paris, 1989), p. 123, mais il a aussi des adversaires "objectifs" : ex. A. Bélis, BCH 109, 1985, p. 208-212.

 

 

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